La disparition des oiseaux :
La disparition des oiseaux est un sujet préoccupant. En effet, un huitième des oiseaux est menacé d’extinction. Tous les oiseaux ne sont cependant pas concernés de la même façon. Les actions de conservation fonctionnent bien et on voit petit à petit revenir les aigles royaux et les gypaètes barbus, par exemple. Malheureusement, d’autres espèces sont plus dépendantes de leur milieu et donc plus fragiles.
Quelques chiffres en France :
Le moineau domestique, sur 10 ans, a vu sa population baisser de 17%. Le moineau friquet, sur 10 ans, a vu sa population baisser de 60%. Le merle noir, sur 18 ans, a vu sa population augmenter de 6%.
L’hirondelle de fenêtre, sur 10 ans, a vu sa population baisser de 33%. L’hirondelle rustique, sur 10 ans, a vu sa population baisser de 41%. La mésange charbonnière, sur 10 ans, a vu sa population augmenter d’1%. Le chardonneret élégant, sur 10 ans, a vu sa population baisser de 31%. La corneille noire, sur 10 ans, a vu sa population augmenter d’1%. Le martinet noir, sur 10 ans, a vu sa population baisser de 40%. Le tarier des prés, sur 10 ans, a vu sa population baisser de 37% et de 59% de 1989 à 2017. En Haute-Savoie, aucune espèce d’oiseaux ne serait en surpopulation.
Nous pouvons noter une différence de variation de population entre les espèces dites « généralistes » qui s’adaptent partout (+19% en moyenne) et les espèces dites « spécialistes » qui sont liées à un milieu (-22% en moyenne). Les espèces généralistes profitent d’ailleurs de la place laissée par les espèces spécialistes.
Parmi les tendances observées de 1989 à 2017, on peut aussi distinguer des disparitions différentes parmi les espèces spécialistes selon leur milieu : celles des milieux forestiers (-3%), du bâti (-33%) et de l’agricole (-33%). Comparativement au reste de la France, en Haute-Savoie, la disparition est généralement un peu moins importante du fait des forêts en montagne (plus difficilement exploitables à cause de la pente donc un peu plus préservées) et du fait des exigences des produits avec AOP.
Les facteurs de leur disparition :
Rappelons les fondamentaux ! Trois choses sont nécessaires pour la survie des oiseaux : pouvoir se nourrir et de pouvoir nourrir ses petits, pouvoir s’abriter, et pouvoir se reproduire.
Concernant la nourriture, on peut distinguer les granivores des insectivores mais notons que les petits des granivores ont besoin de protéines pour leur croissance et sont donc insectivores.
Les grandes tailles des champs avec moins de végétaux différents et moins de haies sont dommageables à la biodiversité. Les grandes cultures augmentent le risque de ravageurs donc un champ aura moins de diversité d’insectes et en plus ceux présents seront tués par des insecticides. En terme de biomasse, on note 80% d’insectes en moins, ce qui a une répercussion directe sur les insectivores.
Le fauchage de plus en plus tôt ne laissent pas le temps aux plantes de faire des graines, ce qui signifie moins de nourriture pour les granivores. Les corneilles, espèce généraliste, s’adaptent à ces changements en mangeant du maïs ainsi que les animaux tués par les moissonneuses batteuses.
Le réchauffement climatique provoque une désynchronisation entre la venue des oiseaux migrateurs (qui se basent sur l’ensoleillement pour programmer leur départ de migration) et l’éclosion des insectes (qui se base sur la température)
Concernant les abris pour les oiseaux, l’urbanisation entraine la disparition de zones humides et agricoles et donc une destruction des habitats. Auparavant, la terre était constituée d’élevage, de vergers et de blé donc de polycultures, mais la banalisation d’un seul milieu entraîne une perte de nombreux habitats.
Le changement climatique modifie les plantes, les insectes et donc les milieux spéciaux pour des animaux comme le lagopède alpin qui doit monter de plus en plus haut pour trouver les rares emplacements propices pour lui.
Pour ce qui est de la reproduction, la pollution sonore provoque non seulement du stress et plus de fragilité mais empêche aussi la séduction par le chant car la femelle n’entend plus le mâle. Des études ont montré que la reproduction se faisait beaucoup moins à proximité des autoroutes par exemple. Les sites de reproduction disparaissent et, faute d’imperfection dans les bâtiments neufs, les martinets ne trouvent plus de trous pour nicher. La mobilité, les routes causent également beaucoup de pertes. La chouette effraie est un animal silencieux en vol et elle profite de cet atout par rapport à ses proies pour voler en rase motte à 2 ou 3 mètres du sol, ce qui est malheureusement au niveau de nombreux véhicules lors de son passage au-dessus des routes. En France, une chouette effraie meure tous les deux kilomètres.
Vous l’aurez compris, c’est l’activité humaine qui cause la disparition des oiseaux : réchauffement climatique, agriculture intensive, pollution lumineuse (qui perturbe les migrations) ou sonore, pesticides, routes et urbanisation.
Les solutions :
La connaissance est essentielle. Informez-vous avec la base de données de la LPO, avec le programme STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs) et participez au protocole EPOC (Estimation des Populations d’Oiseaux Communs) dont vous trouverez toutes les informations ici.
Créer des milieux favorables en replantant des arbres fruitiers de haute tige, repenser l’entretien de l’herbe autour (sans pesticides, en fauchant tardivement)
Mettez des autocollants sur vos vitres pour éviter les collisions souvent mortelles.
Motivez votre commune à éteindre l’éclairage public la nuit.
Créer un refuge LPO en souscrivant un pacte qui inclut: pas de produits chimiques, faire des aménagements comme des nichoirs ou laisser pousser l’herbe à certains endroits, planter des espèces particulières.
Les chats exercent une pression de prédation beaucoup trop importante sur de nombreux animaux qui en souffrent comme les lézards des murailles ou les musaraignes. On déplore par exemple la disparition du Pipit qui établit son nid à terre. Par quelques gestes simples, protéger les oiseaux des chats : ne les laisser pas sortir au lever du soleil comme au coucher du soleil, en période de grand froid ou lors de la sortie du nid des jeunes, périodes où les oiseaux sont plus vulnérables, mettez-leur une clochette, évitez leur prolifération en les faisant stériliser, empêchez-les d’atteindre nids et abris avec des « grilles stop chats » ou des colliers autour des arbres « stop minou », jouer avec eux. Vous voulez être un propriétaire de chat responsable , voir en saurez plus en regardant cette vidéo et puis aussi celle-ci.
Pour poser des nichoirs, préférez une orientation plein sud, voire sud-est et plutôt en hauteur. Videz-les tous les ans à l’automne pour limiter les parasites (puces aviaires). Nettoyez-les au savon noir ou en passant un coup de chalumeau. Entretenez-le en passant de l’huile de lin.
Ne nourrissez pas les oiseaux avec du pain car il gonfle dans leur ventre. De plus, il est trop riche en gluten pour eux. Ne leur donner pas non plus de croutes de fromage car elles sont beaucoup trop salées pour eux. Pain et croute peuvent aller au compost. Les mangeoires sont des lieux propices aux maladies, il faut donc les nettoyer toutes les 2 semaines. Dès la fin des gelées, enlever les aliments à base de graisse, graisse qui doit être uniquement végétale. Sachez que si vous commencez à donner à manger aux oiseaux en début d’hiver, il ne faudra pas arrêter au plus froid de l’hiver car ils n’auront pas forcément l’énergie de partir en recherche de nourriture ailleurs. En toute saison, donnez à boire de l’eau que vous aurez laissée auparavant reposer 2 heures, dans une bassine par exemple, pour enlever le chlore. Changer l’eau tous les 2 jours maximum.
SOURCES DES DONNEES CHIFFREES : Thibault Goutin, intervenant FNE74 et bénévole LPO en 2019. MNHN.