En voilà une qui porte vraiment mal son nom! Non seulement elle est loin d’être chauve puisqu’elle a des poils, mais en plus son comportement n’a rien à voir avec celui des souris.
Découvrons un peu plus ce mammifère volant…
Mammifère, oui, car la mère allaite son petit. Elle peut avoir un petit par an (si toutes les conditions sont respectées).
C’est le seul mammifère qui vole de manière active (non pas juste en planant comme certains écureuils, mais bien en battant des ailes)
En fait d’ailes, on devrait plutôt parler de mains car ce sont ses doigts qui en constituent « l’armature ». La membrane qui fait office de « toile » s’appelle le patagium, elle est très douce, chaude et peut se reconstituer, se reformer, si par exemple elle a un petit trou (un peu comme notre peau). La chauve-souris possède des griffes qui lui permettent notamment de se suspendre la tête en bas quand elle est au repos (pour dormir ou en hibernation où elle peut rester ainsi pendant plusieurs mois). Elle est insectivore et mange les insectes en fonction de sa propre taille. Par exemple, la pipistrelle mange des moustiques (environ 8000 par été). La crotte de la chauve-souris s’appelle du guano (un excellent engrais). Pour la différencier de celle de la souris, serrez la entre vos doigts, si elle s’effrite comme de la poussière c’est bien du guano alors que la crotte de la souris sera plus dure et collante. On retrouve en effet dans le guano des chauves-souris des restes d’insectes : ailes, antennes, pattes… Pour chasser et se déplacer dans le noir, les chauves-souris se servent de l’écholocation avec sonar. Les rares fois où l’on peut entendre des cris de chauves-souris, ce sont probablement ceux échangés entre une femelle et son petit.
La vie des chauves-souris de nos régions se partage en 4 temps, un peu comme les saisons.
D’environ mi-août à mi-novembre, c’est la période où les chauves-souris mâles et femelles s’accouplent, avec plusieurs partenaires. Elles chassent la nuit pour se nourrir et faire des réserves de graisse afin de pouvoir passer l’hiver à venir. La journée, elles dorment de préférence dans des endroits calmes, noirs et chauds sans trop de variation de température : leurs gîtes se trouvent sous les toits, derrière les volets, derrière le bardage. Elles peuvent se mettre dans les petits interstices des murs ou du bois. Quand la nourriture vient à manquer, elles se regroupent pour hiberner.
De mi-novembre à début mars, elles changent de gîtes et hibernent dans les grottes ou les caves. L’endroit doit être calme et noir, la température doit rester stable et comprise entre 4 et 11°C et l’humidité doit être présente afin que leur peau ne se dessèche pas. Pendant l’hibernation, tout le corps de la chauve-souris est au ralenti et elle vit sur ses réserves de graisse. Lorsque la température augmente ou que ses réserves sont épuisées, la chauve-souris se réveille et la température de son corps passe alors de la température du lieu où elle se trouve à presque 40°C, en quelques heures.
De début mars à mi-mai, C’est la phase de réveil et de nourrissage. Chez la femelle, un ovule est créé puis fécondé par les spermatozoïdes restés dans son vagin pendant tout l’hiver.
De mi-mai à mi-août, les petits naissent et sont élevés par les femelles jusqu’à l’âge d’un mois et demi à deux mois. Les petits sont parfois rassemblés en nurserie. La mère identifie son petit à l’odeur. Si vous trouvez un petit tombé, ne le touchez surtout pas, essayez de le prendre en le faisant s’accrocher à une petite branche et remettez le au plus près de là d’où il vient.
Quelques chauves-souris de nos régions :
La pipistrelle commune : la plus petite et la plus connue. Elle mesure environ 4,5cm x 21cm d’envergure en vol.
Le grand rhinolophe est plus cavernicole et mesure environ 6cm x 37cm d’envergure en vol.
Le grand murin mesure environ 8cm x 40cm d’envergure en vol.
La sérotine commune mesure environ 8cm x 38cm d’envergure en vol.
Même si les chauves-souris sont des espèces protégées, presque toutes les espèces de chauves-souris européennes ont régressé. Ces petits mammifères si discrets sont souvent ignorés lors de travaux de rénovation et leurs gîtes peuvent être involontairement détruits.
Volant à un mètre du sol pour chasser, ils sont bien souvent heurtés mortellement par les voitures sans même que nous nous en rendions compte. Les pesticides et les insecticides les empoisonnent immanquablement.
La SFEPM et ses partenaires en région proposent aux propriétaires privés et aux communes de créer un refuge pour les chauves-souris.
Voici quelques mesures à prendre pour leur protection :
- Installer des nichoirs artificiels (gîte en bois brut non traité, de 50cm de haut, 30cm de large, 4cm de profondeur, avec une ouverture sur la largeur en bas et des rainures ou des lattes à l’intérieur pour l’accroche)
- Sensibiliser le voisinage
- Encourager le maintien des haies et prairies
- Eliminer l’emploi des pesticides et insecticides
- Réaliser des travaux en dehors des périodes où les chauves-souris sont présentes
- Utiliser des produits non toxiques pour le traitement des charpentes
- Créer ou conserver quelques interstices dans les murs ou sous les ponts
- Préserver l’accès aux combles (une fente de 6cm de haut et de 30 cm de large est suffisante)